lundi 22 octobre 2018

Quand écrire sauve - #SuivreSesRêves


Cela fait des mois et des mois et des mois (etc.) que je me répète : « Tu dois écrire un texte sur ton site, le mettre à jour. » Et je ne le fais pas. Je repousse sans arrêt.

Ces derniers temps (depuis un bon moment, en fait !), sur Facebook et Twitter, je ne parle pas non plus de mon travail d’auteure. En revanche, je parle de la situation actuelle des auteurs en France, ou disons, pour être plus exacte, que je relaie la parole des autres écrivain(e)s qui se mobilisent et se battent à ce sujet, et ce, parce que je me sens directement concernée (c’est un sujet brûlant d’actualité – vous devez être au courant si vous aimez la littérature et que vous vous intéressez quelque peu au monde de l’édition et au travail des écrivains. Le hashtag #PayeTonAuteur, vous l’avez forcément vu passer ! ;-) ). Je partage également des causes qui me tiennent à cœur (écologie, condition des femmes, droits humains, autisme, pour n’en citer que quelques-uns).

Mais je ne dis rien de ce que je fais ni de ce que je vis (à part une ou deux petites anecdotes de mon quotidien de maman, de temps en temps). C’est un choix. Ma vie, c’est personnel, ça ne regarde que moi (même si je vais vous en parlez un petit peu, aujourd’hui, vous allez comprendre pourquoi). Et mon travail...




Mon travail, si je n’en parle pas, ce n’est pas qu’il ne se passe rien, au contraire (ainsi que je le faisais déjà remarquer sur ma page Facebook, il y a quelques temps). C’est juste que je suis concentrée sur mes projets et que je ne veux pas – pas encore ^_^ – communiquer à ce sujet. Je ne veux plus le faire, maintenant. Au lieu de m’exposer sur la place publique comme je le faisais avant, je préfère rester dans ma bulle et créer en demeurant isolée. Il ne faut pas m’en vouloir, j’ai besoin de ça.

J’ai pris une pause (bien que je n’aie pas vraiment choisi de la prendre !), ces dernières années (j’écris normalement beaucoup plus que ce que j’ai fait), une pause nécessaire, notamment parce que j’ai traversé des moments vraiment difficiles. Je ne l’ai jamais caché, mais tout le monde ne le sait peut-être pas ; alors voilà, je le dis : j’ai fait une dépression. Grave.
J’ai donné le change pendant des mois, en riant et plaisantant à l’extérieur, sur les salons du livre, au travail, avec mes ami(e)s… même en famille. Mais intérieurement, j’étais ravagée. Sans espoir. En train de mourir à petit feu. On m’a parlé de burn-out (et c’est vrai que j’étais épuisée), mais c’était plus général. Cela touchait toutes les sphères de ma vie, pas simplement le travail... et ça a été très violent.
Il se trouve que j’ai toujours eu besoin de l’écriture pour vivre heureuse, pour me sentir bien, pour m’exprimer, pour être équilibrée. Cela fait partie de moi depuis que je suis toute petite, c’est instinctif, c’est comme une respiration. Ne plus pouvoir écrire, tellement le désespoir et l’épuisement me rongeaient, ne laissant que le vide derrière eux, a été une souffrance terrible. Une de plus.
J’ai cru que je ne pourrais plus jamais écrire. Que j’étais nulle, minable, que je n’avais absolument aucun talent, qu’il était inutile de vouloir recommencer, que ça ne servirait à rien, que rien n’aboutirait jamais, que je ne pourrais jamais écrire quelque chose d’intelligent, de beau, de sensible, qui touche les gens, qui les émeuve, qui leur donne envie de vivre, de rêver, de voyager en ma compagnie (celle de mes personnages, plutôt). C’était pourtant ce à quoi j’aspirais, ce pour quoi j’avais toujours cru être faite. Tout mon être s’effondrait avec ce dernier pilier qui m’avait tenue jusqu’ici.


Le dernier roman que j’ai écrit avant de me rendre compte (plus ou moins) à quel point j’allais mal (en fait, je m’en rends beaucoup plus compte maintenant, a posteriori, alors que j’ai plus de recul sur toute cette période), a été écrit dans la douleur, le doute, l’angoisse. J’ai eu envie de tout abandonner, de ne pas rendre mon texte. Et d’aller m’enterrer chez moi pour mourir dans un coin.
Imaginez... Imaginez, comme le disait J.K. Rowling, l’absence totale d’espoir pour demain – et rien ne vient prendre la place de cette énergie nécessaire, l’espoir, vous laissant « en creux ». Imaginez ce vide qui vous ronge et vous ôte tout désir, toute envie, toute volonté.
Chaque soir, vous vous couchez avec l’envie que demain n’arrive jamais, parce que demain, à vos yeux, sera aussi pénible et inutile qu’aujourd’hui et qu’hier. Vous ne dormez pas de la nuit, et (comme me le disait une personne proche, il y a deux jours) vous ne savez pas si vous ne dormez pas parce que vous pensez (des pensées négatives, qui vous rongent comme l’acide) ou si vous pensez parce que vous ne dormez pas. En fait, c’est un cercle vicieux. Très vicieux.
Et le lendemain matin, vous vous levez, vous ne savez même pas comment, juste parce qu’il le faut, parce que vos enfants vous attendent, parce que vous n’avez pas le choix, parce que vous ne pouvez pas vous débiner, mais vous ignorez comment vous allez affronter cette journée. Chaque petite chose à faire vous paraît insurmontable. Tout prend des proportions énormes. Chaque jour, vous devez franchir des montagnes. Et vous ne savez pas par où commencer.
Vous angoissez (forcément !), vous vous méprisez, vous vous sentez encore plus minable. Si vous en êtes là, c’est sûrement votre faute, pensez-vous. Les autres personnes y arrivent bien, pourquoi pas vous ? Et vous êtes convaincue que les choses ne s’amélioreront jamais, parce que vous en êtes incapable. Vous ne croyez plus en rien, surtout pas en vous-même...
Vous savez que vous devez être forte, parce que tout le monde compte sur vous, et parce que si vous ne l’êtes pas, personne ne le sera à votre place, et personne ne fera ce que vous devez faire pour survivre, pour surnager, pour aider votre famille qui a besoin de vous. Mais vous n’y arrivez plus. Vous jetez vos rêves aux oubliettes, parce qu’ils vous paraissent maintenant inatteignables et qu’ils ne vous font plus que du mal, au lieu de vous donner l’énergie de poursuivre votre route. Vous êtes à fleur de peau, tout vous énerve, ou bien vous avez tout le temps envie de pleurer sans raison (mais vous n’êtes pas enceinte !). Cependant, vous vous forcez à ne pas pleurer, parce que vous savez que si vous commencez, vous ne pourrez plus vous arrêter. Vous essayez de vous « endurcir » et vous vous faites encore plus de mal.
Dois-je continuer encore longtemps ?


Je peux vous dire que c’est épuisant. C’est tuant – au sens propre. Au bout d’un moment, vous êtes vide. Totalement vide. Votre être intérieur s’est épuisé, il semble qu’il ne reste rien. Pourtant, en ce qui me concerne et malgré cette situation, je ne sais pas comment, j’ai continué à écrire (peu, mais même ce peu, c’était déjà un début), pour essayer de survivre, en dépit de tout, à ce qui se passait en moi. Survivre à toutes ces pensées néfastes qui me détruisaient. Mais c’était dur à l’excès. Chaque mot s’arrachait à moi avec la plus grande difficulté. Par moments, je n’y arrivais plus du tout.
J’ai fait des erreurs, durant cette période, je me suis égarée sur des chemins où je n’aurais jamais dû mettre le moindre orteil. J’étouffais. J’étais perdue et je me sentais abandonnée et méprisable. J’aurais voulu être quelqu’un d’autre, pour ne plus avoir à supporter la personne que j’étais. Mieux, j’aurais voulu m’effacer de ce monde. Disparaître. Le pire, c’est que comme j’étais mal, les vautours sont venus rôder autour de moi, m’enfonçant encore davantage dans mon mal-être, renforçant mes pensées négatives, abondant en ce sens, instillant encore plus de doute en moi, et dénigrant ce que je faisais tout en faisant semblant de me soutenir.


Heureusement, des choses m’ont retenue ici-bas, et surtout, des gens. D’abord, mes enfants, et mon mari. De rares vraies amies, aussi. Je sais tout ce que je leur dois, même si eux ne le savent pas complètement. La musique m’a également beaucoup aidée. Et, bien sûr, malgré les difficultés que j’éprouvais avec elle, l’écriture m’a, une nouvelle fois, sauvée.
J’ai pris des médicaments (qui sont comme des béquilles psychologiques pour pouvoir ensuite recommencer à marcher toute seule), et puis, j’ai arrêté d’en prendre. J’ai aussi fait des choix. Beaucoup. Et des choix importants. Certains semblent plus faciles que d’autres, comme le choix de ne plus fréquenter les personnes toxiques. Ou le choix de me déconnecter d’Internet et des réseaux sociaux en grande partie, pour ne plus me prendre en pleine face toute la misère du monde (regardez les infos : c’est déprimant, ça démotive totalement) ni sa méchanceté (cancans et compagnie).
D’autres ont été un peu plus difficiles : le choix de ne plus me laisser dicter ma conduite par les autres, de ne plus faire les choses simplement pour plaire à d’autres, mais de les faire parce qu’elles me semblent justes, qu’elles me correspondent. Ça a l’air simple, dit comme ça, mais ça ne l’est pas. Savoir dire non, c’est dur.
D’autres, enfin, ont carrément été… comment dire… « délicats ». Le choix de ne plus travailler dans les conditions dans lesquelles je le faisais et qui ne me convenaient pas (et le terme est faible), et ce, en dépit d’une situation financière difficile (à l’époque) et des charges importantes à assumer. Le choix d’éduquer mes enfants à mon idée, selon leurs besoins, et non selon les diktats de l’école (qui ne fait que « formater » et est incapable de prendre en compte les spécificités de chacun, puisqu’au contraire, elle a pour rôle de les effacer et de mettre tout le monde dans le même moule) et de la société. Le choix de leur proposer, par mon exemple, un mode de vie où être « différent » est possible et épanouissant (même si c’est relativement mal vu par la société ; mais, hé, qu’est-ce qui compte : être mal vu ou être heureux ?), au lieu d’être restreignant et handicapant.
Des choix difficiles,donc, et un peu effrayants – effrayants surtout pour les autres, pour ceux qui m’ont suivie dans cette grande aventure, car pour moi, au contraire, c’était très clair : c’était ça ou j’allais mourir. La spirale infernale allait reprendre. C’était hors de question.


Malgré toutes ces décisions, revenir à la vie a été un processus lent et difficile. Je ne dis pas que c’est terminé, d’ailleurs, que tout va très bien, que je ne rechuterai pas. C’est vrai que je me sens beaucoup mieux, comme allégée du gros fardeau de souffrance qui pesait sur moi ; c’est vrai que je peux maintenant me dire heureuse, régulièrement, sans me mentir à moi-même. C’est énorme, vous n’imaginez pas.
Mais il y a toujours des moments difficiles. Les problèmes du quotidien sont toujours là, le regard des autres aussi (même si je n’en tiens plus compte). La société essaye toujours de me recadrer, de me ramener dans « le bon chemin » (je n’ai toujours pas compris en quoi c’était le bon, d’ailleurs – j’ironise ? Non... Du tout ! :-p ), de me remettre dans le moule. Mais je résiste. Nous résistons (je ne suis pas seule, je le sais maintenant).
Je suis consciente, cependant, du fait que les pensées néfastes peuvent ressurgir. N’importe quand, et pour n’importe quelle raison apparemment futile et ridicule, juste parce que ça résonne en moi et que, dès lors, ça peut tout balayer sur son passage. Je ne suis pas faible, pourtant, au contraire. Je suis plus solide que jamais. Et je me bats tous les jours. Pour moi, pour ma famille, pour un avenir meilleur. Mais je ne suis pas à l’abri de tomber, encore. Ce n’est pas grave, je me relèverai. Encore.


Une amie, une personne que j’aime beaucoup mais que je vois – hélas – rarement, m’a fait la remarque que j’avais besoin de vivre selon mon cœur. N’est-ce pas une magnifique formulation ? Vivre selon son cœur. :-) Tout le monde en a besoin, pour être heureux, vraiment heureux. Mais on n’éprouve pas tous ce besoin avec la même puissance. Parfois, et même souvent, les gens se contentent de ce qu’ils ont, sans essayer de progresser, sans tenter de trouver leur vrai chemin, leur propre vocation, poursuivant la même routine et le même boulot inintéressant, soupirant après autre chose et se consolant dans du superficiel, du matériel.
Je comprends ça, c’est tellement dur de trouver le vrai « soi », de suivre ses rêves, ses aspirations profondes. De se battre pour ses rêves dans un monde qui ne tient pas particulièrement à ce que vous réussissiez. De continuer en passant par-dessus les échecs (nombreux) et en faisant fi des gens « de bon conseil » qui vous disent de remettre les pieds sur terre et d’abandonner vos idées loufoques. Je comprends ce choix, le fait de baisser les bras, de se laisser mettre dans le moule, de devenir « comme les autres » ; j’ai failli le faire, d’autant plus facilement qu’on ne nous apprend pas à nous écouter, à suivre nos désirs, nos rêves, nos besoins. Au contraire, on souhaite plutôt nous en empêcher. Parce que les gens qui s’écoutent, qui savent ce qu’ils veulent et où ils veulent aller, ces gens-là sont libres. On ne peut pas les manipuler. Ils sont donc dangereux. Dès lors, on va essayer de les écarter de cette voie, on va leur dire que ce qu’ils font est égoïste et honteux, en plus d’être irréalisable, qu’ils vont à leur perte, et toute leur famille avec eux.(Ça sent le vécu ? Hum… :-p )
Cette même amie, dont je viens de vous parler, m’a confié ceci (et je cite, parce que ça rejoint totalement ce que je vous écris aujourd’hui) : « On ne nous apprend pas à faire ça. À nous écouter, à prendre en compte nos propres envies, nos propres besoins. On ne nous apprend pas non plus à être bienveillants envers nous-mêmes. Un peu comme si c’était honteux ou sale de le faire. L’avantage dans ma situation, c’est que je suis consciente de ça, aujourd’hui, mon regard a changé. J’ai compris aussi que ce n’était pas uniquement moi le problème (j’ai ma part de responsabilité, mais je la connais), mais bien la société qui est défaillante et qui nous entraîne à l’être autant qu’elle. Le formatage de masse fait ses preuves. »


En ce qui me concerne, je ne veux pas être formatée. Et je ne veux pas arriver à la fin de mes jours pour me dire que je suis passée à côté de ma vie, que je l’ai gâchée, que j’aurais pu faire autre chose, ou mieux. J’ai comme un sentiment d’urgence et je sais qu’il n’est plus temps pour moi d’attendre un monde meilleur. Je ne peux plus attendre que mes rêves se réalisent tout seuls (de toute façon, ça ne fonctionne pas comme ça ! Et le monde ne change pas tout seul non plus). Alors, je fonce. Je fais ce que j’ai à faire, je fais ce que j’aime, je fais ce en quoi je crois, je fais ce qui me semble juste, sain, ce qui me rend heureuse et rend ma famille heureuse. Le reste n’a plus aucune importance en regard de ça.
Alors voilà, aujourd’hui que j’écris à nouveau, que j’écris avec plaisir (et acharnement), que j’éprouve une telle sensation de délivrance rien que dans le fait d’avoir pu m’y remettre, je savoure ce bonheur en solitaire, égoïstement. J’en savoure chaque seconde. Je savoure chaque mot que je dépose sur une page. C’est une renaissance. Et j’ai besoin de le faire seule, pour mieux renaître à moi-même, à mon art, à mon travail. J’ai de nouvelles priorités, par rapport à « avant » – i.e. avant ma dépression. Elles ne concordent pas forcément avec ce qu’on attend de moi. Mais ça m’est égal. Ce sont mes choix, et j’assume. Si les autres ne sont pas contents, c’est leur problème, pas le mien.
Du coup, vous allez entendre parler encore pendant un moment de tout plein de choses qui n’ont rien à voir avec mon travail d’écrivaine. Vous n’allez pas savoir avant encore un bon moment ce sur quoi j’écris… et ce site ne va pas souvent être mis à jour (je vous conseille donc de me rejoindre sur Facebook, ce sera plus simple ^_^ ). Vous allez peut-être vous dire, à un moment donné, que j’ai laissé tomber, que vous ne lirez plus jamais un roman de Sklaerenn Baron (si vous en avez déjà lu, ah, ah !). En un sens, c’est vrai. Parce que je ne suis plus tout à fait la même qu’avant, et que je n’écris plus tout à fait les mêmes choses, ni de la même façon. Mais je suis toujours là. Et un jour, je reviendrai avec de nouveaux livres. Bientôt. ;-) Ils seront tout beaux, tout neufs, et sentiront bon le sable chaud (ou pas). J’espère que, vous aussi, vous serez là.

Pour finir, retenez surtout ceci : soyez « égoïstes », écoutez-vous, suivez vos rêves. <3 <3 <3


PS Je ne sais pas de qui sont les images que j'ai utilisées pour illustrer mon texte. Si jamais vous remarquez ici votre travail ou que vous connaissez l'auteur de ces œuvres, n'hésitez pas à me contacter et je mettrai tous les noms nécessaires. :-)

2 commentaires:

  1. Bravo ma Clairette et surtout pense à toi car si tu veux rendre les gens que tu aimes heureux il faut que tu le sois toi même. Écoute ton cœur et vie tes rêves. Je t'aime très fort ma petite Clairette et bonne vie à toi

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    1. Merci, ma Françounette. <3 Oui, j'ai deviné que c'était toi. :-p Tu as raison, il faut être soi-même en paix et heureux pour rendre les autres heureux. C'est comme l'amour : pour être capable d'aimer les autres, il faut d'abord s'aimer soi-même. ;-) Bisous et prends bien soin de toi aussi.

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