jeudi 24 novembre 2016

Extrait 3 de "Le contrebandier" ("Le Lys Pourpre" tome 1)

À l'occasion de la sortie du premier tome du "Lys Pourpre", en mars 2015, j'avais partagé cet extrait sur Facebook, en accord avec mon éditrice. Il était temps que je le partage ici aussi !

Dans ce tome, nous faisons donc connaissance avec Alix de la Chaussée d'Arville, issue d'une vieille famille de la noblesse de Savoie. La voici qui se rend au bal, pour son entrée officielle dans le monde...


Source : ici.
Extrait 3 de "Le contrebandier" ("Le Lys Pourpre" tome 1)
par Sklaerenn Baron (copyright)


— Mademoiselle ? Pourrais-je avoir l’insigne honneur de me voir accorder cette valse ?

Il avait une voix incroyable : une voix grave, chaude et modulée, presque… envoûtante. Une voix qui glissait sur elle comme une caresse.

Surprise, elle ne sut d’abord que répondre, mais quand il la déshabilla du regard avec insolence, la colère la gagna et elle comprit qu’elle devait refuser. Cependant, il avait déjà profité de son trouble pour lui prendre la main. Elle se rendit compte qu’il avait la peau douce et chaude, et aussitôt, elle sentit un frisson la parcourir. Réaction purement physique et totalement insensée !

— Avec plaisir… s’entendit-elle répondre, troublée par ce simple contact qui la rendait toute chose.

À sa grande honte, l’homme perçut ce petit frémissement animal et il le regarda, ravi, se propager sur la peau délicate de la jeune fille. Il devait lui-même s’avouer que l’effleurement de cette petite main dans la sienne le remuait étrangement. Il l’avait saisie de façon franche et ferme, comme pour une poignée de main entre égaux, et il vit que la jeune fille appréciait ce geste, malgré tout.

C’était un loup, comprit soudain Alix, à son costume gris et au grand masque qui dissimulait la totalité de son visage, en dehors de la bouche et du menton. Cela expliquait son invitation. Le plus curieux était qu’en dépit de son costume relativement austère, il était impossible de ne pas éprouver la séduction qui émanait de lui. Des mèches brunes encadraient son visage, et, sous son masque, se dévoilaient seulement de beaux yeux bleus, intenses et chaleureux. En une fraction de seconde, ce regard happa la jeune fille. Elle eut le sentiment qu’elle s’y noyait, tandis qu’un vide enflait brutalement au creux de son ventre.

J’ai déjà vu ce regard, songea-t-elle brièvement. Peut-être le frère d’une des filles du pensionnat.

Alors, toute volonté annihilée, elle se laissa entraîner. Sur la piste, l’homme l’attira contre lui, et elle se raidit imperceptiblement, cherchant à recouvrer son sang-froid.

— Allons, murmura l’inconnu, détendez-vous ! Je ne vais pas vous manger.

— Et comment le saurais-je ? ironisa-t-elle dans un sourire. Vous êtes le loup.

— C’est vrai, rétorqua-t-il avec amusement. J’ai hésité entre le costume du loup et celui du chat botté, mais j’ai finalement opté pour le loup, parce que je trouvais cela beaucoup plus amusant. Et je dois dire que j’ai énormément de chance de rencontrer un aussi joli Chaperon Rouge.

Alix, surprise d’un tel discours, se demanda ce qui se cachait derrière cette arrogance et cette impertinence. Y avait-il un être généreux derrière le monstre, comme dans les contes de fées ? Ou n’était-il qu’un séducteur superficiel et effronté ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire