par Sklaerenn Baron (copyright)
Prologue
Dans son cachot, la jeune femme cherchait maintenant comment se tirer de ce mauvais pas. Les tortures qu’elle avait subies n’avaient pas réussi à entamer sa résolution, mais elle savait que cela n’était qu’une question de temps. Elle était consciente de ses limites ; elle ne tiendrait plus très longtemps, et soit elle dirait tout, soit elle mourrait.
De toute façon, si
elle ne vidait pas les lieux rapidement, elle périrait, qu’elle eût parlé ou
non. Elle périrait dans d’atroces souffrances, de surcroît, car ses geôliers
lui mèneraient la vie dure jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’elle cédât d’une façon
ou d’une autre, physique ou psychologique.
Les deux
hypothèses étaient également inenvisageables. À la limite, trépasser entre les
mains de ses bourreaux serait la solution la moins… grave. Mais cela restait
absolument hors de question. Elle tenait bien trop à la vie pour se laisser
aller de la sorte.
Sans compter
qu’elle devait vivre. Il n’y avait
pas que son existence en jeu, d’autres vies dépendaient d’elle. Son bébé et
l’homme qu’elle aimait avaient tous deux besoin d’elle. Il fallait donc qu’elle
survît. Qu’elle s’échappât. Et qu’elle rejoignît son amant.
Oui, faisons les choses dans l’ordre…
Elle se redressa,
grimaçant sous la douleur qui lui traversait le corps de part en part à chaque
mouvement qu’elle faisait.
Survivre. Tenir.
Au moment où elle
essayait de se lever, ses jambes fléchirent et elle s’écroula par terre.
Pas la force…
songea-t-elle avec désespoir, avant de sombrer dans une bienheureuse
inconscience.
Lorsqu’elle se
réveilla, elle n’avait plus aucune idée du temps qui s’était écoulé depuis son
arrivée dans cette cellule. À en juger par sa faim, cela faisait bien une
journée. Peut-être deux. Elle avait aussi terriblement soif. Levant les yeux,
elle aperçut une cruche, qu’on avait déposée près de la porte pendant qu’elle
était évanouie.
Maladroitement,
presque craintivement tant elle craignait de nouveaux assauts de souffrance
dans son corps endolori, elle se redressa et rampa lentement vers le pot en
terre cuite. À son grand soulagement, elle constata qu’il était plein d’eau et
elle se mit à boire, d’abord doucement, puis à grandes lampées.
Après cela, elle
resta étendue un moment sur le sol, jusqu’à ce qu’elle se sentît un peu mieux.
Au bout de quelques minutes de patience, elle put s’asseoir sans que la tête
lui tournât. Elle s’aperçut qu’elle avait mal partout, surtout dans le dos,
bien évidemment. Mais c’était plus supportable qu’avant.
Serrant les dents,
s’appuyant contre le mur de sa geôle, elle se releva peu à peu. Cette fois, ses
jambes tinrent le coup. Elle commença donc à explorer les lieux, à la recherche
d’une issue quelconque. Tandis que ses mains palpaient désespérément les murs
de sa prison, ses pensées dérivèrent malgré elle vers son bien-aimé.
Elle ne savait
même pas où il se trouvait. Elle ne pouvait souffrir l’idée qu’il fût
emprisonné quelque part, loin d’elle, blessé, mourant peut-être, sans personne
pour l’assister. Elle ignorait dans quel état il se trouvait aujourd’hui, il
pouvait même être déjà mort…
Non ! Non,
se raisonna-t-elle, essayant d’apaiser le flot de panique qui l’envahissait en
y songeant. S’il était vraiment mort, la
nouvelle aurait couru sans retard. Il est donc encore vivant.
Il le fallait.
Elle ne pouvait imaginer son existence sans lui.
Après quelques
instants de vaine prospection, elle comprit que les murs étaient trop bien
scellés pour qu’elle pût en détacher des pierres, creuser un trou et s’évader.
La fenêtre, étroite et protégée par de solides barreaux, n’offrait aucune
possibilité non plus. Il ne restait que la porte.
Je dois sortir d’ici, et vite ! se dit-elle en frissonnant. Et pour cela, je ne peux compter que sur mes
propres ressources. Réfléchissons ! Que puis-je faire ?
La porte était
épaisse, montée sur des gonds énormes qu’elle était incapable de desceller et
fermée par une barre de fer, d’après ce qu’elle avait vaguement entrevu en
entrant dans la pièce. De telle sorte que si elle devait déguerpir par cette issue,
elle allait devoir attendre qu’on vînt la chercher. Et échapper au garde qui
l’emmènerait.
Par bonheur, il
n’y avait pas de sentinelle devant son cachot ; elle ne devrait donc pas
avoir à affronter plus d’une personne à la fois. Elle réalisa soudain que sa
seule chance résidait justement dans le fait que cette prison de province était
peu gardée. Elle devrait cependant se battre avant de pouvoir s’enfuir.
Il me faut une arme !
Elle n’en avait
pas. On lui avait tout enlevé lorsqu’on l’avait arrêtée.
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